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Channel: féminisme – Les Filles Electriques
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Celle qui ne s’assumait pas féministe

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C’est un vrai débat que j’ai souvent eu avec moi-même. Est-ce que je suis féministe ? Est-ce que je veux être féministe ? En tout cas, avec mon parcours, je ne suis pas LA féministe. 28 ans, mariée deux fois, deux enfants, pas diplômée, active un mois sur deux (ou un truc comme ça). Mes choix sont rarement définis par des réflexions profondes (je réfléchis après) mais j’ai mis un point d’honneur à tester le maximum de choses juste pour essayer et me faire un avis par moi-même. Je n’aime pas qu’on me dicte la conduite à tenir, et globalement je n’aime pas les contraintes ; bref, je suis une emmerdeuse.

Plus que tout et en particulier ces dernières années, j’ai essayé d’accéder au statut de femme libre. Libre de mes choix, de mes envies, de ma sexualité, de mes passions, et libre d’être enchaînée par ma situation de mère si c’est ce dont j’ai envie sur le coup. En ce sens, je me sens féministe. J’ai mis un point d’honneur à me documenter sur le sujet et à me tenir au courant des différents mouvements et groupes de pensées pour ma culture personnelle mais aussi parce que j’estime, qu’en tant que mère, j’ai le devoir de transmettre quelque chose (autant que ce soit quelque chose qui fasse avancer notre société). Je me suis sentie vraiment féministe pour la première fois quand on m’a mis ma fille dans les bras et que j’ai senti qu’un tout petit bout de futur dépendait de moi.

Je m’intéresse assez au sujet pour avoir peur de ce milieu. Des femmes, globalement, qui n’ont pas besoin des hommes pour s’écraser entre elles. J’ai peur de dire une bêtise, de m’attribuer une étiquette (que je pense ne pas avoir volée, cependant) qu’on m’arracherait des mains parce que je suis une imposture. J’en vois tellement « des vraies » qui s’étripent pour des questions de sémantique que je ne pense pas une seconde avoir assez de force de caractère, de pondération et de finesse en moi pour ne pas me faire entraîner dans une joute verbale au premier débat d’idées.

Il y a les vraies donc, et il y a les autres. Celles qui se disent « féministes, mais… » et dans lesquelles je ne me retrouve plus du tout. Parce que j’estime que ce n’est pas parce qu’on a l’impression d’être privilégiée qu’on ne doit pas défendre celles qui ne le sont pas. Parce qu’on a toutes des œillères et qu’il y a toujours des améliorations à faire. Parce que la révolution silencieuse et qui ne fait chier personne, je n’y crois pas. Et je ne parle pas de cette catégorie de femmes qui ne croient pas à l’égalité des sexe et ne sont jamais aussi rassurées qu’avec un vrai bonhomme à la maison (« moi, j’ai un vrai mec, pas une conchita » : réflexion entendue devant l’école maternelle de ma fille, qui a le mérite d’être à la fois sexiste et raciste) et qui écrasent au passage, de mépris et de violence, toute volonté de faire entendre une voix divergente.

J’ai toujours eu l’impression que « féministe » était un attribut qui se mérite. Un attribut durement porté et protégé par des femmes guerrières. Je ne me sens pas l’âme d’une guerrière. J’ai mené mes propres combats et ils m’ont épuisé. Mais je suis restée trop longtemps en retrait de peur qu’on m’accuse de mal faire. Le manque de courage est une excuse que je ne tolère plus, ni pour moi ni pour les autres.

Doucement, je m’exprime sur des sujets qui me tiennent à cœur, me questionnent, me révoltent. De plus en plus, je lis pour me faire une opinion basée sur l’expérience et le ressenti des autres autant que le mien. Et puis, il y a quelques heures, j’ai osé. Je suis désormais (tout petit) membre de l’association Les dé-chainées, l’association féministe dans laquelle je me retrouvais le plus. C’est un grand pas pour moi, à défaut de l’être pour le féminisme. Enfin, j’assume et ça fait du bien. J’ignore encore ce que je vais pouvoir apporter à cette noble cause, mais j’y travaille.


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