C’est une réflexion que j’ai eu en regardant Rob le chat profiter des derniers rayons chauds de soleil, comme tout chat qui se respecte. Rob le chat ne sait pas qu’il est un chat, enfin je crois. Des fois, il se prend pour un chien, des fois, il se prend pour un humain, des fois, il se prend pour mon mari. Moi, je sais que je suis une femme. C’est principalement ce qui nous différencie, lui et moi (ça et les poils). Je suis une femme.
Je ne suis pas de celles qui n’arrivent pas à s’appeler « femme », lui préférant le plus rajeunissant « fille ». Je ne suis pas « une fille à », « une fille qui ». J’ai été mariée deux fois (le compteur de mon second mariage tourne toujours), j’ai les hanches d’une femme qui a eu deux enfants. J’ai déjà eu vraiment peur pour ma vie, j’ai déjà eu peur de perdre les miens. J’ai des feuilles d’impôt à mon nom. Un nom que d’ailleurs je me suis battue pour garder. Parce que je suis une femme avec une nom, une vie, un passé et un avenir avant d’être l’épouse de quelqu’un.
Être une femme ne m’empêche pas de porter du vernis à paillettes, d’acheter des collants roses, de vouloir un Furby pour Noël mais je ne veux pas vivre dans l’illusion que je sors à peine du lycée. Je crois que je préfère mon moi de maintenant. Le moi qui a baroudé, qui n’a pas peur des hommes (ou raisonnablement), qui n’a pas peur des autres. Mon moi de bientôt 30 ans. Je ne suis pas une « mademoiselle » (et je m’en veux même de rougir un peu quand on m’appelle comme ça).
Je crois que c’est aussi un peu à Mia que je dois cette prise de conscience. Quand elle est arrivée, elle est devenue « la fille de la maison ». C’est peut-être ça que certaines femmes ont tant de mal à avaler. C’est une passation de pouvoir à laquelle on ne s’attend pas. Moi, je crois qu’elle m’a soulagé.
Je n’en pouvais plus de ces trucs de séduction, de cette obligation de plaire aux autres avant soi-même, d’être dans le coup, de dire ce qu’il faut, de ne fâcher personne, jamais. Être une fille dans notre monde d’aujourd’hui implique une dépendance aux autres (les garçons, les hommes et les autres filles) qui m’a toujours fatigué. Je ne me suis jamais trouvée plus forte en couple ou au sein d’un « groupe de filles ».
J’ai 28 ans et demi, je suis une femme et, à mon petit niveau, je suis libérée. J’ai le droit d’être seule quand j’en ai envie et d’intégrer un groupe si j’en ai envie et si ils veulent bien de moi. J’ai le droit de ne pas m’épiler pendant des jours et des jours et d’assumer de ne JAMAIS assortir mes sous-vêtements et mes chaussettes. J’ai le droit de dormir avec des chaussettes moelleuses aussi. J’ai le droit de décider de n’être qu’une maman. Ou qu’une épouse parfois. Et j’ai aussi et surtout le droit d’être moi avec toute l’énergie que je peux y consacrer.
Enfin, je m’apprivoise. Je me calme, me repose, m’assume, me plais. Quand on a connu l’état de fille, être une femme est un plaisir, c’est un honneur et un privilège. Je ne comprends pas celles qui tournent le dos à ça. Bien sûr, si on aborde la question de façon plus globale, les femmes ont encore de grands combats à mener pour pouvoir être toutes libres et fières mais d’être une femme me donne déjà le pouvoir de me battre pour ça. Et c’est un pouvoir que je renierais pour rien au monde.