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Channel: féminisme – Les Filles Electriques
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Ma révolution…

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dodo

… porte le nom de Thomas (il sera super fier d’être ainsi loué dans un référence à une chanson de Jenifer). Laissez-moi vous expliquer le pourquoi et le comment de cette révolution. J’avais, hier, une conversation sur twitter avec la très lucide Ripley_E à propos de l’évidence qu’il y avait à représenter des poussettes exclusivement poussées par… des femmes. Plus je lui répondais, plus je prenais conscience de la vérité de ce cliché. Dans 90% des cas, les personnes que je vois conduire des poussettes ou porter leurs bébés sont des femmes. Voilà en quoi Thomas est ma révolution, parce que la question ne s’est jamais posée chez nous.

Comme une évidence, il a porté notre fille puis notre fils. Il a pris un cours de massage de bébé où il était le seul papa présent, il donne seul le bain et s’est TOUJOURS occupé des nuits en comprenant que j’avais besoin de sommeil pour me remettre de l’accouchement et de mes journées. La question du féminisme et du pro-féminisme est très présente dans notre foyer depuis quelques mois. Depuis que nous savons qu’Adam est un garçon à vrai dire. Si je n’ai jamais douté être capable d’éduquer ma fille dans un bain de vraies valeurs égalitaires, j’ai toujours eu peur de ne pas être capable de laisser à la société un « bon » garçon. Je sais aujourd’hui, que notre quotidien est la meilleure leçon qu’on lui donne. Nous faisons des efforts pour ne pas plier sous le poids des clichés sexistes dans lesquels on nage toute la journée (des livres pour enfants où maman reste à la maison pendant que papa travaille au bureau, des jouets hypersexués et réducteurs pour l’imagination). Nous choisissons notre vocabulaire avec soin pour ne pas augmenter les inégalités de sexe. Pourtant, nous ne nions pas que Mia soit une fille (c’est même une sacrée petite fille) et Adam, un petit garçon.

Cette révolution, qui est pour nous une évidence, n’a même pas été la source de débats et de sacrifices. Mia et Adam ont un papa et une maman qui partagent les tâches au quotidien selon leurs affinités et leurs horaires. Selon la logique aussi et selon l’amour qu’ils se portent.

Pourtant je sais que nous faisons figure d’exception. Je ne compte plus autour de moi les mères en burn-out qui ne se plaignent même plus de l’absence de leur conjoint (un tel cliché, pourtant) ou les regards (compatissants ? étonnés ? amusés ?) des passants quand Thomas porte dans l’écharpe un de ses enfants. Ces gens n’ont vraiment aucune idée du degré d’investissement de mon mari dans le quotidien de nos enfants… Je me demande ce qu’ils diraient s’ils savaient que je ne bouge presque plus le petit doigt une fois qu’il rentre à la maison (les rituels du bain et du coucher sont sa chasse gardée).

Si je publie cet article aujourd’hui, ce n’est pas pour stigmatiser des femmes qui vivraient sous la contrainte d’un régime domestique déséquilibré. Je plains vraiment ces femmes et je ne me sens pas une seconde meilleure ou plus forte qu’elles. Je veux être la preuve vivante qu’on peut renverser les codes sans violence et sans souffrance. C’est en étant résignées face aux évidences de la société patriarcale qu’on fait stagner les choses. Si vous avez envie que les choses changent, faites les changer. Et laissez vos enfants, filles ou garçons, être les témoins de ce changement.

Cette révolution, elle n’est pas impossible, elle n’est pas douloureuse et elle n’est pas contre-nature. Elle est possible pour tous, à condition de le vouloir et je suis fière de dire qu’avec la complicité de mon mari, elle est enclenchée chez nous depuis que nous sommes devenus parents ensemble. Chez nous, papa n’est pas le « chef » et maman ne fait jamais la vaisselle (ce qui ne veut pas dire que maman est le chef, hein, juste que je déteste faire la vaisselle). Chez nous, il n’y a pas de perte de repères. Nous sommes des co-parents heureux et amoureux, des individualités qui se définissent comme telles plutôt que simplement comme des sexes. Par hasard, nous sommes un homme et une femme, j’espère que nous continuerons à faire de cet état de fait une richesse plutôt qu’une faiblesse (c’est bien parti pour).


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